Croisières au Centre Nautique de Tréboul : anecdotes, souvenirs et mésaventures de croisières

par Guy V.

 

Croisières au Centre Nautique de Tréboul

- Proposition pour une participation au récit des ... :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ANECDOTES

 

SOUVENIRS ET

 

MESAVENTURES

 

DE CROISIERES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre de Tréboul

 

 

Le Mousquetaire insubmersible :

 

- Dès son origine, le Mousquetaire est réputé insubmersible et vendu comme tel. Cela fut prouvé par le Centre Nautique de Tréboul dans le réel, au cours d'une croisière avec des stagiaires à bord. Bien qu'ayant consigne d'éviter d'appareiller les jours de relatif gros temps, en l'occurence pour nous, au-delà de force trois, grand maximum quatre, il arrive que l'on rencontre une mer résiduelle avec un vent ne dépassant pas la force trois Beaufort, ce qui n'est pas un problème en soi. Ce jour là, il dut y avoir un peu de mer et un clapot court, sec, qui frappe la coque à bouchain du Mousquetaire, plus qu'il ne le ferait sur une coque en forme. Du fait de ce martèlement, personne à bord ne se rend compte qu'une autre raison est à l'origine de ces coups. Rester à l'intérieur du Mousquetaire est vraiment inconfortable et tout l'équipage se tient sur le pont, attendant que cela se passe. A un moment donné, l'un d'entre eux a la très nette impression que le liston est plus près de l'eau que d'habitude. Un coup d'oeil à l'intérieur confirme la présence d'eau qui a pu pénétrer par le cockpit sans que l'un ou l'autre ne s'en aperçoive. Une rapide inspection permet de réaliser que l'ancre sortie de son logement, pend le long de la coque et la frappe à chaque mouvement, ce qui a provoqué une brèche en dessous de la ligne de flottaison. Que faire ? Les Mousquetaires du Centre nautique ne possèdent pas d'émetteurs, mais ils sont insubmersibles, la mer vraiment maniable malgré ce clapot, et le port à moins d'une journée de navigation, donc inutile de paniquer et utiliser les fusées de détresse. La voile est arisée pour ne pas fatiguer le gréement qui doit à présent, permettre à toute cette masse immergée d'avancer. C'est à toute petite allure que l'équipage finit par entrer au port. Deux chantiers constuisaient entre autres, les Corsaires et Mousquetaires : le Chantier Craff à Bénodet et le Chantier Pichavant à Concarneau (c'est lui, sauf erreur, qui, avec sa barbe noire et dense, ressemblait, et portait le surnom du célèbre pirate Barbe Noire). Pour, en quelque sorte nous remercier de ce test " en grandeur réelle ", le Chantier Pichavant remet le Mousquetaire en état gracieusement. Il est vrai que cet incident donne du crédit et confirme la fiabilité du produit. Nous effectuons la première sortie en croisière à son retour du Chantier, tout va bien, si ce n'est que l'ensemble de ce qui n'a pas été remplacé à bord est quelque peu " poisseux ", même après un rinçage (sommaire), sans parler de l'Almanach du Marin Breton, que nous devons remplacer à la première escale. La grande majorité des pages du "sinistré" s'étant collées entre elles. Tout évènement est susceptible d'être utilisé à des fins pédagogiques pour qui le veut.

 

 

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre de Tréboul

 

Cotonéa, le menuisier des "pessimistes"

 

- En ces temps là, le Centre Nautique était logé dans l'ancienne "Ecole-Mairie" de Tréboul. Face à cette ancienne école, était implantée la menuiserie tenue par les deux frères Cotonéa, chez qui nous allons assez régulièrement, parce qu'ils sont d'un accueil chaleureux, avec toujours une histoire à raconter, mais aussi parce qu'ils étaient nos fournisseurs en contreplaqué et bois divers pour la réparation des dériveurs et des "Optimists", ces petits dériveurs, authentique caisses à savon, inchavirables et insubmersibles, créent pour l'initiation des moins de douze ou quatorze ans. Il faut signaler que nos deux menuisiers étaient, en plus des travaux courants de leur métier, chargés de réaliser les cercueils des personnes du quartier. Ils en avaient toujours un ou deux d'avance, de taille standard, c'est pourquoi un jour j'entends annoncer le décès inattendu d'un voisin, ce qui fait dire à l'un des deux frères : " Il va falloir prendre ses mesures car lui ne rentrera jamais dans un costume standard ". A quelque temps de là , alors que je viens me procurer quelques chutes de contreplaqué, il me demande la différence entre lui et moi, et devant ma perplexité, mon incapacité à trouver la réponse, il m'explique que nous, nous faisions des Optimists, mais lui seulement des " Pessimistes ".

 

 

 

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

Le commandant Friand et la régate

 

- Un autre souvenir concerne le Commandant Friand , originaire, et habitant de Douarnenez. Il fut, parait-il l'un ou le dernier commandant du Normandie. Un jour, une régate amicale, plus exactement une sortie collective sur un parcours commun, est organisée à l'occasion d'un fête locale et le Commandant Friand est sollicité de nous faire l'honneur de participer au déroulement de la manifestation. Nous nous retrouvons tous deux je ne sais plus sur quelle embarcation, pour surveiller le passage à une bouée. Dans l'attente des bateaux, nous bavardons de choses et d'autres. Il me donne l'impression d'un homme simple, charmant. Au cours de nos échanges, il me confie qu'il craint d'avoir à présent " l'oreille un peu haute ", impression qu'il a , suite au conseil du recteur qui " souhaite l'entendre chanter moins fort, afin que l'on puisse entendre les autres membres de la chorale ".

- M'ayant confié son souci et après quelques échanges sur la pluie et le beau temps, arrive vers nous, la flottille chacun tirant ses bords. D'entendre subitement une petite voix de gamin ou gamine crier à tue-tête "TRIBORD AMURE " et constater que le Dragon invectivé obtempère illico, notre commandant n'en revient pas, il se donne de grandes tapes sur les cuisses, me demande si j'avais bien vu, si je peux lui confirmer quel est l'auteur de l'injonction et à qui elle s'adresse. Pour mémoire et tenter de comprendre la réaction de cet ancien commandant de navire de haute mer peu manoeuvrant, il est sans doute bon de préciser que le Dragon, est un bateau de compétitions internationales, dont certaines, depuis de longues années, se déroulent sur le plan d'eau de Douarnenez, alors que l'Optimist n'est qu'une "coquille de noix" nouvelle venue, à l'usage des " gosses ". Un yacht devant virer de bord devant un gamin dans une embarcation, quasiment de fortune, notre Commandant n'en revient pas. Pour son excuse, disons qu'il avait l'habitude à bord du Normandie, de voir les petits navires s'écarter, un changement de cap sur le paquebot de cette taille ne se réalisant pas au pied levé. L'évènement l'a cepandant distrait et amusé mais aussi marqué au point qu'il me prenait encore à témoin, au moment du pot qui réunissait les équipages participants. Pour ma part, j'ai entendu, à une autre date, un équipage de Caravelle répondre " Cinq cents kilos " à un équipage de Vaurien qui lui, avait lancé le " Tribord amure ".

 

 

 

 

 

 

 

Souvenirs et anecdote diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

Slocum

 

- Parmi les jeunes monos croisière, il y avait un certain Jean-Yves S., dit Slocum, parce qu'il s'était juré, qu'un jour il ferait son tour du monde, sans doute en solitaire. Il le fera, peu d'années plus tard, mais avec épouse et deux petites jumelles.

 

1. Les chasses de "Slocum"

- Contrairement aux monos dériveur, les monos croisière se rencontrent essentiellement au début ou en fin de stage. De ce fait, je connais "Slocum", plus de réputation que par des contacts directs.

- Un jour, quelques heures avant l'heure prévue de son départ pour une nouvelle croisière, il demande à un autre mono en qui il a confiance s'il veut bien ingurgiter rapidement son repas afin de le conduire rapidement quelque part avant d'appareiller. Alain souhaite être conduit chez sa mère, puis ramené au bateau discrètement, avant que "les autorités" aient fini leur repas. C'est urgent et important. C'est sur le parcours qu'il s'explique. Il a décidé de réaliser cette croisière au milieu des îles et îlots parsemés entre Ouessant et Molène. Sachant qu'il y a beaucoup trop de lapins dans ces lieux peu habités, c'est donc faire oeuvre utile que d'en abattre quelques uns. Cela permet aussi, je suppose, de prouver qu'au XXème siècle, il est à présent possible de parler de lapin et d'en manger à bord sans pour autant faire naufrage. C'est aussi le moyen de réaliser des économies sur la cagnotte du bord. Malgré toutes ces bonnes raisons, il me semble indispensable que les "autorités" du centre nautique soient informées de ses intentions, c'est pourquoi il est souhaité une discrétion pour le transfert du fusil de chasse entre le domicile et le bateau. Quand à connaître le tableau de chasse, stagiaires et Jean-Yves, se montrèrent très très discrets au retour.

 

2. les pêches de "Slocum"

- Slocum ne se contente pas de chasser le garenne, il pêche et enseigne la pêche à ses stagiaires. A tel enseigne qu'un jour, au menu du Centre, un supplément est offert à ceux qui le désirent. Jean-Yves revient de croisière avec une quantité assez conséquente de maquereaux ; il y en a à sécher sur des fils de nylon tendu entre les haubans et partout ou il est possible de tendre un fil. Certes nous nous régalons tous et admirons cette prouesse. Elle sera moins appréciée, paraît-il, par ceux qui prennent la suite à bord, toujours selon certains bruits, "pue" le maquereau de l'étrave au tableau arrière et du lest de quille à la pomme du mât !

 

3. Le voilier de "Slocum"

- L'autre empreinte que Slocum laisse au Centre, est la construction de son bateau en béton, réalisé dans la cour de l'ancienne école, autrement dit, dans une dépendance des locaux du Centre Nautique. Tous les copains, surtout les monos, ont peu ou prou, participés à la concrétisation de ce rêve.

A l'origine, Jean-Yves parlait d'un tour du monde en solitaire. Pratiquement, ils seront quatre car entre le projet et l'appareillage pour, au minimum une transat, Jean-Yves se marie et avec son épouse, ils conçoivent deux jumelles. Entre temps, il acquière un sapin qui deviendra son mât, sous un hangar près de l'ancien lycée technique. Cependant, quand il disait "à la voile", sa nouvelle situation familiale ne modifie pas son projet et s' il est prévu l'emplacement d'une dame de nage, par contre il n'est pas prévu, dans cette coque en béton, d'ouverture pour le passage éventuel d'un arbre à hélice. Ce sera la voile... ou la godille ! Une prame donnée par des amis, lui servira d'annexe quand la coque sera mise à l'eau. Et le mât, taillé dans un sapin arrivé dans une gare finistérienne avec d'autres fûts de résineux destinés à devenir poteaux téléphoniques, deviendra un véritable mât dans un hangar ouvert à tous les vents, proche de l'ancien lycée technique.

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses du Centre Nautique de Tréboul

 

Sortie clandestine (Blek ?)

 

- Je n'ai pas souvenir d'évènements vraiment fâcheux survenus du fait des stagiaires. Par contre, quelques uns se mirent parfois dans des situations "cocasses", comme le surnommé "Blek" ou "Blak", qui au cours d'une certaine nuit fait le tour des chambres, en évitant de faire trop de bruit, mais réveille, les uns après les autres, tous ceux qui, ayant environ sa taille sont susceptibles de pouvoir lui prêter, chemise et pantalon correct pour le lendemain, samedi. Il est de noce, dans quelques heures et vient de tomber à l'eau avec sa tenue de sortie.

- Il trouve au moins l'indispensable et je connais le fin mot de l'histoire par la suite. De noce le samedi, il ne peut nullement s'empêcher d'envisager d'aller, discrètement si possible, avec quelques autres stagiaires internes au Centre, passer un moment de ce vendredi soir, à " la Cabane", restaurant boîte de nuit implanté au pied de la falaise près du lieu-dit "la plage des dames", en face de Tréboul. S'y rendre par la route, est quasiment impensable car il faut faire, en gros le tour de la ville. Par contre, par la mer, cela demande quelques bons coups de godille, mais c'est faisable. Le petit groupe avait donc envisager cette solution. Je n'ai jamais su ni tenter de savoir s'ils avaient prévu d'effectuer la traversée sur une annexe ou si celle-ci ne devait servir qu'à rallier une embarcation plus conséquente. Qu'importe puisque l'aventure ne dura que le temps de son prologue. Pour rejoindre le ponton où l'embarcation qu'ils avaient en vue, "Blek" doit descendre l'escalier de pierre qui ceinture la rotonde du bout du quai de "la Pointe". L'escalier n'étant pas large et bien souvent encombré par les annexes, notre homme, pour accéder au bas des marches se devait de passer d'une annexe à l'autre, ce qui n'aurait pas été un problème si l'orin de la dernière (ou avant dernière) ne s'était pas brisé ou dénoué au moment d'être franchi. Il s'ensuit une glissade de la prame qui, après avoir jouer à saute-mouton de marche en marche, achève sa course dans l'élément liquide, y précipitant son occupant du moment pour un bain imprévu. Un souvenir pour tous ceux qui, de près ou de loin furent informés de cette "fortune de mer".

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

Le 1er passage du Trouziar

 

- Mon premier passage du Trouziar (cette petite passe à l'est du pied du phare de vieille). La croisière s'achève, et, comme prévu au Centre Nautique, nous devons être de retour à Tréboul dans la journée du samedi.

- L'idéal, pour "faire le Raz" sud-nord et mettre tous les atouts de son côté, est d'arriver au niveau de la Plate, en dernière heure de jusant, mais pour se faire, il faut avoir remonté contre les courants de jusant. Pratiquement, le mieux, dans bien des cas, est de mouiller à Audierne, plus précisément à Esquibien et de déraper en tout début de flot, ce qui donne six heures de courant portant pour aller d'Audierne à Douarnenez.

- Pour d'obscures raisons, peut-être parce que nous venions directement du sud de Pen Marc'h ? Nous nous présentons un peu trop tard, avec des vents manquant d'énergie. Avant que les courants ne nous emportent vers le sud, je décide de mouiller dans les contre courants (ou pour le moins, dans les faibles courants) au pied de la statue de N.D.Des Naufragés, et du sémaphore.

- Le problème essentiel réside dans le fait que nous devrions ramener le Mousquetaire pour la croisière suivante au plus tard le lendemain avant midi ! Ce qui parait difficilement réalisable ; la météo annonçant une journée de calme plat, je décide d'aller au sémaphore, seul lieu susceptible de me permettre de téléphoner au Centre pour envisager la ou les solutions. Après escalade, je me retrouve dans les bâtiments de la Marine Nationale, où le responsable répond favorablement à ma demande. J'explique donc à Pédro, la situation et le possible gros retard que nous aurons. Il n'est pas envisageable, me dit-il, de nous envoyer un moteur hors bord, mais me fait confiance pour faire au mieux ! Ayant entendu notre conversation, le responsable de la base me fait monter avec lui sur la plate-forme, me situe la passe du Trézouar, et l'alignement qui nous permettra d'être pris en charge par les courants jusqu'à la Pointe du Van Revenu à bord, je me mets à l'aviron et commence à godiller confiant dans les dires de ce professionnel de la mer.

- Je suis quelque peu inquiet, sachant que chacun de nos gestes est suivi à la jumelle, et par conséquent, à travers nous, la moindre erreur pourra nuire à l'image du Centre de Tréboul, voir à l'U.D.N.F. Il faut s'appliquer, et comme indiqué, je godille pour faire une route plein ouest, jusqu'au moment où j'aperçois, plein nord, la roche de la Pointe du Van (qui, vu sous cet angle, rappelle vaguement le profil des Bourbons). Après quelques coups de godille au nouveau cap, notre vitesse s'accélère, je prends la barre et passe l'aviron à un équipier qui va à l'étrave, pour nous écarter de la roche si besoin était. Nous traversons ce passage, non à une certaine vitesse, mais à une vitesse certaine, avec l'impression d'être porté par la même vague. Nous découvrons le surf à l'époque du balbutiement des planches à voile sur nos côtes.

- Passé la Pointe du Van, peu avant d'avoir la Pointe du Castelmeur par le travers, la vedette de la S.N.S.M de Douarnenez, alertée probablement par le sémaphore, vient par notre travers pour nous identifier, puis nous demander si nous souhaitons passer une amarre. Pouvez- vous vous imaginer, un Mousquetaire du Centre Nautique de Tréboul, entrant à Douarnenez, tenu en laisse ? Ce n'est envisageable qu'en cas de nécessité absolue. Nous les remercions donc, mais eux, respectant les consignes, restent près de nous. Par temps moyen, de Tréboul à la Pointe du Van, soit une petite quinzaine de milles, il nous faut entre trois et quatre heures. Avec le manque de vent de ce jour, comptons moitié plus, c'est sans doute pourquoi, n'ayant pas l'autorisation de nous laisser livré à nous-même, ils nous demandent d'accepter leur bout, au moins jusqu'à la hauteur de l'Ile Tristan, eux allant rejoindre ensuite leur mouillage au Rosmeur. Quand à nous, parcourant sous voile les dernières centaines de mètres pour atteindre le port par nos propres moyens, l'honneur sera sauf.

 

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