Croisières au Centre Nautique de Tréboul (2)

par Guy V. 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

Cuisine, restaurant et annexe

 

- Pour cette croisière, nous optons pour un "voyage dans le sud". La dernière escale précédent la remontée se situe à l'Ile de Groix. Ayant réalisé quelques économies, suite aux fréquents menus de pomme de terre beurre et maquereaux, il est suggéré de s'offrir un petit repas au restaurant. En ce temps là, les Iles ne sont pas assaillies par les touristes, et il est facile de trouver une table "à prix routier", bien que cette profession ne s'exerce guère dans les Iles Bretonnes. L'idée nous en vient à terre, peut être au vu des prix et contenu des menus, peut être suite à une certaine lassitude de mes menus par l'équipage, mais je ne veux retenir que la première hypothèse. Nous sommes descendus, juste avec l'intention de faire un petit tour, donc en jean et vareuse de pêcheur (tenue de rigueur chez les navigateurs bon teint, car elle donne un petit air de "semi pro de la mer"). Par contre, pour aller au restaurant, nous nous devons d'arborer une tenue plus "civile". Il est donc décidé, pour faire un minimum, de troquer nos vareuses contre pull ou chemisette (le pantalon sera caché sous la table). Pour ce changement partiel de tenue, point n'est nécessaire de retourner tous à bord, deux d'entre nous se chargeant de rapporter la chemisette ou le pull des trois autres. Le premier incident leur arrive au moment d'embarquer à bord. Pourquoi ? Comment ? Neptune seul là haut sait, mais l'un des deux équipiers tombe à l'eau. Cela n'est pas trop grave, il est mieux qu'il tombe à l'aller qu'au retour car un seul homme est à changer de pied en cape. Ils reviennent, nous rions et nous changeons, puis, bien détendus, nous nous rendons au restaurant. Repas, café, petite promenade digestive et touristique, toutes les îles présentant un caractère de curiosité plus important que les ports du "continent" ne serait ce que par le problème de l'accès au lieu. Nos découvertes terminées et l'heure tournant, nous décidons de remonter à bord pour nous préparer à reprendre la mer le lendemain à l'aube.

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique à Tréboul

 

Le chien de la chienne !

 

- Lhistoire de l'annexe amarrée trop court à l'échelle aurait pu s'arrêter là, mais les circonstances permettent d'ajouter une autre anecdote dont je fais les frais dans les jours qui suivent. En remontant sur Tréboul, j'ai prévu une escale à Beg-Meil, expliquant à l'équipage connue du temps où je posais mon sac à cette base. Aucune objection n'est soulevée, nous faisons route. Une fois mouillé, à peu de distance de la cale, je vais saluer les amis qui me proposent de partager leurs agapes du soir. J'en informe mes équipiers qui ne soulèvent pas d'objections. Ils ont donc quartier libre, la seule chose que je leur demande, c'est de mettre l'annexe à terre pour que je la retrouve après avoir quitté les amis, sans pouvoir préciser à quelle heure exactement. Nous passons tous, je pense, une agréable soirée, prenant des nouvelles des uns et des autres, nous rappelant les petits faits divers vécus ensemble et les anecdotes survenues depuis à Beg Meil et à Tréboul. Ces retrouvailles sont l'occasion, mais sans abus, de boire un verre ou deux et un café arrosé Arrive le moment de se séparer, je les laisse dans leurs tentes et retourne à la cale. Vraiment, en arrivant à la cale, je me réjouis d'avoir à mon bord une bonne équipe, car comme prévu et demandé, l'annexe est bien en haut de la cale, hors de l'eau. Les avirons et dames de nage sont bien à poste, et l'orin traîne dans l'eau. Le seul problème est qu'une fois monté à bord de l'annexe, je me hale sur celui-ci et finis par réaliser qu'ils les ont bien frappé à un anneau, mais au plus loin de terre qu'ils ont pu (afin d'être certain, tenteront-ils de me faire croire par la suite, que la mésaventure de Groix ne se renouvelle pas). Il fait nuit, presque noir, le réverbère du bout de la cale m'éclaire quelque peu et je réussis à prendre pied côté mer, ce fut donc un simple incident mais ce fut à mon tour, non seulement de me déchausser, mais de me mettre en slip et retenir ma respiration, le temps d'aller dénouer les deux demi-clés frappées à un anneau recouvert d'un mètre d'eau (voir plus me semble-t-il).

- Quand je regagne le bord, tout l'équipage semble profondément endormi. Le lendemain , aucune question n'est posée de part ou d'autre. C'est seulement arrivé au terme de la croisière que j'aborde la question ; ce qui provoque leurs rires en premier, puis les miens, car ils ont totalement assimilé l'expérience de Groix.

 

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

Eau et vaisselle et couverts

 

- La vaisselle, essentiellement sur les voiliers non équipés d'évier, se fait sur le pont dans le seau. Il en résulte parfois, comme j'ai pu le constater sur différents bords, que, la mousse aidant, si ce n'est la mousse ce peut être la distraction ou tout autre raison, le résultat étant identique : il arrive lors de la dernière opération d'une vaisselle, celle qui consiste, soit à l'essuyer, soit à la mettre à sécher sur l'un des coffres du cockpit, que l'on constate, après avoir vidé à la mer l'eau de la vaisselle, qu'il manque peut être quelques couverts. Sur les Mousquetaires du Centre nautique, l'absence était très vite remarquée du fait qu'il y avait autant de cuillères, fourchettes, assiettes, verres et petites cuillères que de personnes prévues à bord, sans rien de plus. Le jour de cette croisière où il ne fut plus possible de faire fondre son sucre avec autre chose que son doigt, dans un bol de café très chaud, je fis remarquer le manque de sérieux dont nous faisions preuve à bord, et qu'il serait nécessaire, sur la caisse commune, de remplacer les couverts manquants avant le retour à Tréboul. Moins de quarante huit heures après cette remarque (pertinente), l'équipage me fit remarquer que tout était rentré dans l'ordre. Il y avait même beaucoup trop de petites cuillères, ce qui, disaient-ils devrait compenser les grandes ou les fourchettes encore manquantes. Cela me donna l'occasion d'entamer mon refrain sur l'honnêteté et le respect du bien d'autrui.

 

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

La serviette aux ancres de marine

 

- Alors que les équipiers avaient plusieurs excuses à faire valoir éventuellement pour justifier leurs rapines, je n'en avais aucune lorsqu'au cours d'une croisière avec des stagiaires, je commis un méfait de même nature. Nous étions mouillés à Esquibien, nous étions en fin de croisière, et décidons, pour respecter la tradition de faire un repas au restaurant. En annexe, nous faisons cap sur la plage sous le phare antérieur de l'alignement d'entrée d'Audierne. La façade éclairée d'une "boîte à bouf" nous ayant, du bord, tapée dans l'oeil. Ce n'est pas un restaurant ouvrier, mais il offre un menu qui reste dans nos possibilités pécuniaires. Tout se serait passé le mieux du monde si je n'avais été.......ébloui, subjugué, fasciné, tenté par leurs serviettes de table. Du bon tissu, solide, que tu sens capable de résister à une génération de lessive hebdomadaire, mais, principal attrait, d'un bleu marine léger, non agressif, et ornées d'ancres de marine. Je n'avais jamais vu aussi belle chose. Dans la seconde , je me fis trois remarques : 1. il m'en faut une comme çà. 2. C'est introuvable dans le commerce (sinon j'en aurai vu)

3. Ils n'accepteront pas de m'en vendre une. Faut-il aggraver ma honte en me faisant raconter la suite ? Le plus difficile, le plus angoissant après le passage à l'acte, ce fut de trouver comment faire pour que les équipiers ne découvrent pas l'objet du délit. Rassurez-vous, pour me faire pardonner "anonymement" le larcin, je suis retourné assez longtemps après, dîner dans ce restaurant et j'ai laissé un pourboire qui devait représenter le prix de "la chose". J'y retournais une troisième fois, invité sur un bateau de particulier, surpris de ne plus voir ces serviettes de table, inusables selon moi. J'appris, en réponse à ma question, que le restaurant n'avait plus de "serviettes bleues avec une ancre de marine". Je n'ai ni su, ni demandé la cause de cette absence.

 

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

Les pêcheurs de Plouescat Menfig

 

- Ce jour là, ils quittent l'Aber Wrach avec pour projet de rejoindre les Anglo-Normandes. Mais la brume tombe et quand elle devient par trop dense pour entr'apercevoir la côte, il est décidé de faire route au sud-est , puis à l'est dès que celle-ci réapparaît, l'orientation de la brise nous permettant, ce jour-là, de changer de cap sans virer de bord. D'apparition en apparition, à un moment donné, nous apercevons un "poteau téléphonique qui bouge derrière un rocher". Tous les regards ayant la même vision, il devient évident qu'il s'agit d'un mât et non d'un poteau quelconque. Qui dit mât à sec de toile, dit port, ou pour le moins, mouillage. De toute façon, il est donc possible d'y faire une petite escale, et d'obtenir probablement quelques précisions sur notre position exacte. Ni la carte et ni l'Almanac'h ne font état d'un abri "officiel" dans l'ouest de Roscoff. Après avoir contourné quelques roches imposantes, nous sommes à portée de main d'un "côtier" au mouillage. Deux hommes sont à bord, qui nous précisent que nous sommes à Plouescat Menfig, à une douzaine de mille dans l'Ouest de Roscoff. Les hommes nous regardent manoeuvrer, puis nous informent qu'il est préférable d'affourcher et nous proposent de se charger d'effectuer l'opération. Pour la suite de notre croisière, il devient évident que nous ne pourrons faire à la fois les Anglo-Normandes et Roscoff. Le choix est vite fait, cela fait beaucoup plus marin de pouvoir dire "j'ai fait les Anglo-Normandes". Choix qui implique une descente à terre pour renouveler et compléter les vivres du bord. De retour à bord, nous hélons nos deux pêcheurs et insistons pour qu'ils viennent nous rejoindre. Nous réitérons notre proposition de lever ensemble le verre à l'amitié. Tout deux me rappellent qu'ils ne boivent pas de vin. Nous leur proposons donc un café qui est refusé avec la même gentillesse. Tenant cependant à marquer le coup, et nous rappelant l'acquisition de la demi- bouteille de rhum pour les quarts de nuit, nous leur proposons ce produit venu de Martinique. Devant la mollesse de leur refus, nous devinons l'acceptation. A bord nous n'avons pour les liquides, que les assiettes creuses, les bols et les verres à moutarde, lesquels sont plus résistants que les verres ordinaires. Servi en premier, le patron se voit verser une dose normale. Guettant son regard ou un mot, il est marqué un temps d'arrêt, puis ne percevant aucun signe, il lui est versé un complément pour transformer son pousse-café en ration pour adulte couvrant une grippe maligne. Toujours aucune réaction, va-t-il faire signe quand il jugera la dose suffissante ? Le liquide arrive à présent à moins d'un millimètre du haut, toujours aucune remarque, mais l'interressé saisi son verre, le lève à hauteur de ses yeux puis au niveau de sa bouche. Le silence règne parmi les équipiers, il trempe ses lèvres dans le verre qu'il incline peu à peu, nous regardons, ce verre qui continue de prendre de la gîte, nous regardons toujours. L'homme finit par le reposer, totalement vide, puis s'essuie les lèvres d'un revers de manche, sans tousser ou avoir les yeux pleins de larmes. Il n'y eut aucun commentaire de la part des stagiaires (parisiens) avant le départ de nos invités.

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

L'achat du récepteur Gonio

 

- Partis de Plouescat-Menfig dans une authentique purée de pois, qui, selon la météo ne devrait pas perdurer, et suivant les conseils donnés par des pêcheurs locaux, nous faisons route au nord pendant au moins cinq mille pour être certain de parer toutes les roches. Avec du recul, il semble que nous avons bénéficiés d'une bonne part de chance, car il n'est pas évident que seul nos calculs de route et nos supputations sur l'influence des dérives courants et vents, nous aient permis à eux seuls, de parvenir en vue (relative compte tenu du "smog") de la Corbière, le phare au sud ouest de Jersey. L'escale, dure une demi-journée de plus que prévue, car le chef de bord est décidé à ne repartir qu'avec un récepteur Gonio. Malgré son anglais, non pas approximatif mais nul, mais après s'être "expliqué" au port avec un homme à casquette galonnée, c'est, muni d'un bout de papier sur lequel est inscrit le nom du magasin ( et le nom en anglais d'un récepteur gonio) qu'après avoir traversé l'île, en partie en bus (à étage) l'autre partie à pied, qu'il finit sans difficulté majeure par se retrouver dans un autre coin de l'île, avec une nouvelle expérience à son actif, car un voyage en bus anglais, sur l'impérial est une expérience à vivre. Il faut en avoir fait l'expérience pour réaliser ce que l'on peut ressentir, surtout à l'avant de l'impérial. Vous dominez tout, mais vous avez un grand angle mort entre votre horizon et le sol. A cette altitude vous ressentez beaucoup plus la gîte dans les virages, et vous avez la certitude que vous allez finir entre les branches des arbres qui semblent se précipiter vers vous. Arrivé chez le commerçant, sans autre préjudice que ses appréhensions, à la lecture du papier, il lui est proposé un certain choix d'appareils plus ou moins sophistiqués, choix commenté dans un idiome qui lui est, rappelons nous, totalement inconnu. Pour exprimer son choix, notre chef de bord n'a qu'une possibilité, montrer la modestie de son pouvoir d'achat ! Conscient de la modicité (relative) de son pécule, avec un regard tout à la fois, implorant, éploré, regardant le ciel bouché au travers la porte vitrée, il vide son porte monnaie sous les yeux du vendeur. C'est de l'argent français, qui comporte son propre argent de poche, mais aussi une bonne partie de la cagnotte de bord. La moue du commerçant lui fait comprendre que l'argent déposé ne suffit pas. Retournant ses poches, il lui montre à la fois sa bonne foi en même temps que "le drame" auquel il était confronté. Sa tenue vestimentaire, bien que propre, atteste qu'il ne doit pas naviguer sur un yacht de luxe. Après une courte hésitation, il se retire dans l'arrière boutique, probablement pour prendre l'avis du patron. Il ne doit pas manquer une grosse somme puisqu'à son retour, il ramasse tout l'argent déposé sur la table, et lui remet un sac en papier dans lequel il a déposé un récepteur gonio. Après de très nombreux "tant qu'you, very muche", il sort du magasin avec le précieux instrument et son antenne sur compas. Puis, n'ayant plus "un seul penny" pour payer le bus, il rejoint le port à pied, grâce à quelques "ze harbour plize ? ". Le retour se fait en ligne directe de Jersey à l'Aber Vrach', soit une centaine de mille, au cours desquels l'occasion est donnée à l'ensemble de l'équipage de réaliser les précautions à prendre dans l'utilisation des informations données par un relèvement Gonio.

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

Scatologie, pourquoi ce sujet ,

 

- Il est indispensable d'aborder le problème des "toilettes" parce qu'il fait parti de la vie à bord et que les équipements à terre, aux débuts de la "vulgarisation" du nautisme, était rudimentaires. Ils ont beaucoup évolués, suivant en cela la nouvelle donne apportée par la multiplication du nombre de personnes mettant les pieds sur l'eau. Il reste cependant des souvenirs de ces débuts, rattachés, soit aux structures, soit tout simplement aux réactions des humains que nous sommes.

1) La vedette de Lorient ou "Les à côtés de la vie privée"

- Avec le développement de la navigation de plaisance, vont naître les pontons, donc l'accès direct à terre, aux sanitaires et aux toilettes. En ce temps là, il n'en était pas de même. Lors de son premier passage à Lorient, entrés à la tombée du jour et ne connaissant pas l'implantation (existait-elle alors ?) du port de plaisance, il est décidé de s'amarrer le long d'un des piliers en bois qui borde le port de pêche. Au petit matin, ne sachant ou peuvent bien se situer les toilettes à terre, et comme les jours où nous retrouvons hors d'un port, en mouillage forain, la solution consiste à satisfaire ses besoins au balcon arrière. Après un rapide tour d'horizon, l'interressé ne voit personne susceptible d'être choqué par son action. Il s'installe donc au balcon attendant la réalisation de la chose. Au moment où les choses deviennent sérieuses, le teuf teuf d'un diésel lui arrive aux oreilles. Il se redresse et met un peu d'ordre dans sa tenue avant de saluer de la main le pêcheur. La même situation se reproduit deux ou trois fois à la suite. Problème lié tout simplement au fait que les pêcheurs côtiers d'un lieu donné doivent sortir et revenir pratiquement ensemble. La chose devenant urgente, il se dit que les pêcheurs doivent répondre aux mêmes exigences. Il s'installe donc sachant que de le voir n'altèrera pas la vue du pêcheur de passage. Ayant achevé mes petites affaires, je me redresse prêt à saluer cet homme qui revient du travail. Gêne et stupéfaction, ce n'est pas un pêcheur solitaire qui rentre mais, tout un équipage de la royale aligné sur la vedette qui les mène à terre.

2) Les wc de la cale de Groix

- En ce qui concerne les sanitaires, le port de Groix dans ce domaine aussi, fait ou faisait preuve d'originalité. Pour éviter, tant aux gens du cru qu'aux gens de passage de longues recherches ou de longs déplacements, les sanitaires ont été installés sur la jetée, lieu de passage obligatoire pour ceux qui débarquent. Les voir les visiter ou les utiliser, c'est les graver dans sa mémoire; Ils sont d'une simplicité extrême : deux cabines jumelées réalisées en parpaings, chacune d'environ un mètre sur un mètre vingt, avec une porte en bois munie d'un loquet et d'un crochet intérieur : pas de point lumineux. Chaque local était doté d'un clou fiché dans le mur auquel, parfois, pendait quelques feuilles de papier journal. Au sol, dans chacune des cabines, pas de "siège à la turque" mais un trou d'une petite vingtaine de centimètres, légèrement excentré. Cet orifice, quoiqu'intrinséquement dangereux ne fut, à ma connaissance, à l'origine d'aucun accident. L'ensemble de l'édifice est implanté en prolongement extérieur du quai, soutenu par deux jambes de force scellées dans la jetée. Nul besoin de raccordement au tout à l'égoût, nul besoin d'arrivée d'eau. Il est probable qu'un employé municipal vient jeter un seau d'eau de mer tous les matins. Ne critiquez pas, certaines communes, et pas forcément les plus petites n'offrent même pas cela aux gens de passage qui doivent en cas de besoin entrer et consommer tout d'abord dans le débit de boisson le plus proche. Ce genre d'équipement nous a offert des moments de détente lorsque n'ayant rien d'autre à faire à bord, nous engagions des paris fictifs sur les gens qui mettaient pied à terre : va-t-il faire une escale technique ou non ? A-t-il des problèmes de digestion ou non ? D'accord, tout cela ne vole pas bien haut, mais çà ne mange pas de pain, et cela nous distrait un peu.

 

 

 

 

Souvenirs et anecdotes diverses des croisières du Centre Nautique de Tréboul

 

La douche de Roscoff et la bouteille au tableau arrière

 

- Les douches étaient un problème à résoudre lors des stages de croisière, car nous partons pour deux semaines sur des bateaux sommairement équipés en ce domaine, sachant qu'à "l'époque", les équipements dont peuvent bénéficier les (premiers) "plaisanciers" que nous sommes sont peu fréquents.

- Un jour de croisière en Manche, nous faisons escale à Roscoff, port d'échouage, au moins par grande marée. Le Mousquetaire est un dériveur équipé de béquilles, mais nous nous décidons à rester amarré au quai, le temps d'aller prendre une douche au Centre nautique local, et de mouiller l'ancre seulement au retour de celle-ci. Le premier problème est que le Centre nautique vient de démarrer et ne possède pas de local , donc pas de douches. Laissant ses voiliers sur le quai, ils utilisent les toilettes portuaires. Pour les douches, il n'y a pas de problème nous affirment les "collègues" de Roscoff, l'un des hôtels du port devrait accéder à notre demande, sinon le centre de réadaptation implanté sur la commune ne saurait nous refuser ce service. Les hôtels étant des lieux de luxe, il ne nous parait pas évident qu'ils acceptent de nous laisser disposer de leur installation sanitaire des "va-t-en bottes et ciré" même moyennant finances ! Avant de tenter l'expérience, nous optons collectivement pour le Centre de soins, oubliant de nous informer de la distance séparant le port du Centre de Cure. Nous suivons le balisage, et finissons par découvrir l'établissement à une distance respectable du port, d'autant plus respectable que la température extérieure, ce jour là, favorise la sudation. Arrivés, il nous est accordé de bénéficier des douches. Après les navigations de ces derniers jours et surtout après le trajet que nous venons de parcourir, la douche ne peut être que la bienvenue, même si l'on sait, en la prenant, que la route du retour, alors que la chaleur ne sera pas encore retombée, nous laissera quasiment dans le même état que nous étions en quittant le bord.

- De retour au port, une double surprise nous attend, convaincus de la proximité des douches, donc du peu de temps que cela nous prendrait, nous n'avons pas songés à régler la longueur des aussières en fonction d'une longue absence, et nous retouvons notre Mousquetaire suspendu le long du quai, au bout de ses deux amarres. Une situation qui ne peut être engendrée que par un "paysan" tout juste apte à naviguer sur des "promène couillons".

- L'infamie ou l'ignominie, de retouver son esquif suspendu ne s'arrête pas là. En effet boire frais n'est pas un problème insurmontable sur un bateau de petite taille qui n'a ni frigo, ni la moindre glacière. Il suffit de bien amarrer une bouteille par deux-demi clés autour du goulot, bien enfoncer le bouchon puis de laisser cette "ligne de froid" frappée au tableau arrière et traînée dans l'eau, en donnant suffisamment de mou pour qu'aux virements de bord, le flacon ne vienne pas heurter le safran ou pendre quelque centimètre au-dessus de l'élément liquide et réfrigérant. Ce jour là, malgré toutes les justifications pour notre retard que peuvent penser les gens à la vue d'un voilier d'une Ecole de voile, qui non seulement pendouille le long du quai, qui plus est, exhibe à l'aplomb de son tableau arrière, comme une perle sur le gâteau, un litre à mi-chemin entre la coque et la grève, en signalant, pour en rajouter une couche, que cette bouteille, pleine d'eau, donc transparente, vue d'une certaine distance donne l'impression d'un litre de vin bien épongé, oublié par son sac à vin de propriétaire.

- Grâce soit rendu à Neptune, ce scandale n'a pas été connu à Tréboul.

 

 

 

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